La commune de Pointe-Noire fondée en 1696 doit son nom à la présence dans la mer d'une chaîne de roches granitiques volcaniques d'un noir bleuatre recouvrant la pointe située au nord du bourg.
C'est aussi un bourg paisible qui s'étire le long de la mer bordé de maisons créoles en bois.

L’histoire de Pointe-Noire est intimement liée à celle de la Côte-Sous-le-Vent

L’histoire de Pointe-Noire est intimement liée à celle de la Côte-Sous-le-Vent. Avant d’être une commune, Pointe-Noire était une paroisse. Son influence en Côte-Sous-le-Vent était primordiale en terme d’activité́ commerciale. Ses côtes abritaient des ports d’embarquement des produits d’embarquement des produits locaux, notamment le café et le bois, vers les autres îles de la Caraïbes.

Le développement du territoire s’inscrit dans cette relation entretenue entre Pointe-Noire et ses communes limitrophes.
Longtemps isolée du reste de la Guadeloupe en raison du manque de voies de communication et d’un relief rendant le territoire peu accessible, Pointe-Noire a su garder son charme pittoresque et son cachet ancien. 

1- Des vestiges d’une présence amérindienne peu présents 

Les vestiges archéologiques démontrent la présence d’Amérindiens sur le territoire, sans que de réelles recherches scientifiques aient eu lieu.

2- Les limites communales d’aujourd’hui affirmées en 1730 

Le site de Pointe-Noire est occupé depuis 1660. Il faisait partie de l’une des plus vastes paroisses de la colonie, celle du Grand-Cul-de-Sac qui comprenait également les communes actuelles de Deshaies, Sainte-Rose, Lamentin et Baie-Mahault. A l’époque on l’appelait le « Quartier des Plaines de Pointe Noire » ou « Caillou » du nom de l’un des premiers habitants du bourg. La rivière qui traverse le centre-bourg porte d’ailleurs encore ce nom. 

Il s’agit d’un territoire de montagne « où les pentes sont les plus vigoureuses ...parce que les sommets sont à moins de cinq kilomètres du rivage, mais encore parce que dominent les mornes rocheux » (Lasserre). Le Révérend Père Labat décrit le littoral sud de la commune actuelle de Pointe-Noire en 1696 en ces termes : « ...Nous trouvâmes pendant plus d’une lieus la côte fort escarpée et pleine de roches dont la continuité était interrompue que par les ouvertures des ruisseaux et des torrents qui sont assez fréquents dans tout ce quartier...». 

A la fin du XVIIème siècle, le révérend père LABAT distingue trois quartiers: les Plaines, le Caillou (ou la Pointe-Noire) et le Grand Cul-de-Sac, dans lequel était inclus Ferry. Administrativement, il n’existe qu’un seul et vaste quartier. 

Finalement, ce n’est que le 1er Avril 1730 que furent définies les limites de la commune actuelle de Pointe-Noire : « L’étendue de la paroisse de Notre Dame de Bon Port est depuis la rivière Colas jusqu’à la ravine de Petite Anse ». «Ainsi, en 1730, la paroisse est constituée et prendra pour nom le Caillou. Saint-Jean, Marigot, les Plaines deviendront, avec les autres, des sections. L’église, centre du quartier, est construite, la milice est autonome, et la défense du bourg est confiée à une petite batterie simple montée de deux canons.» (Histoire des communes - Antilles-Guyane).

3- Le premier bourg 

Le bourg garde des proportions modestes tout au long du XVIIIème et au début du XIXème siècle. Le dénombrement de 1796 mentionne 78 résidents dans le bourg pour une population de 2020 habitants. Le bourg ne s’est affirmé en tant que pôle qu’à partir de 1848, afin de concurrencer les sections dynamiques émergentes que constituaient Les Plaines et Gommier. 

4- Une agriculture cannière qui s’effondre... 

Entre 1654 et 1680, la grande majorité du territoire de Pointe-Noire a été plantée de canne dans le cadre de l’instauration de l’économie de plantation. Quelques terres étaient néanmoins réservées à la culture des vivres, du cacao et du coton. 

Cependant, la crise cannière va éclater en 1715, réduisant considérablement la sole agricole. 

5- ... au profit d’une agriculture spécialisée 

Tournée vers le café et les cultures vivrières... 

A partir de 1720, le café, plus adapté au terroir de la commune, prend le relais. La révolution et l’abolition de l’esclavage ont eu des répercutions importantes sur l’économie du territoire et sur l’économie guadeloupéenne plus largement. 

En 1818, la population de Pointe-Noire a décliné par rapport à 1796 avec 1 677 personnes contre 2 020. On recense alors trois sucreries et moulins à eau, trois cotonneries, quarante-cinq caféières et cinq habitations spécialisées dans les vivres et le manioc. 

Le café reste la culture dominante et permet aux habitants de subsister. Le type d’exploitation est familial en raison de la faible main d’oeuvre nécessaire pour ces cultures de tailles réduites (3,66 hectares par habitation contre 38,5 hectares en superficie moyenne par habitation pour les vivres et le manioc). En 1825, on dénombre trois sucreries, quatre-vingt-huit caféières, soit presque le double par rapport à 1818, six cotonneries et cinq habitations à vivres et à manioc, les friches représentant 23,1% du territoire. 

L’abolition de l’esclavage en 1848 rend disponible des terres pour les nouveaux libres. L’activité agricole, alors dévalorisée, est encouragée par les autorités qui offrent alors des récompenses aux travailleurs méritants.
L’immigration est également encouragée pour relancer le secteur. Pointe-Noire n’attire cependant pas puisqu’en 1892, on ne recense que quatre Indiens dans la commune. 

Le bois, une spécificité historique de Pointe-Noire 

Le relief accidenté et la difficulté de circulation n’ont pas favorisé le développement d’une agriculture intensive, mais l’exploitation de la forêt a permis à de petits cultivateurs d’ouvrir dans la montagne des clairières de culture appelées habituées. On les trouve en grand nombre dans la zone de moyenne altitude, et notamment sur les versants de la haute vallée de la rivière Baillargent. Si bien que la fabrication du charbon de bois et le sciage de bois d’œuvre et d’ébénisterie sont devenus deux ressources essentielles de la Côte-Sous-le-Vent. « Que l’on rencontre au travail une équipe de scieurs de long dans n’importe quelle commune du département, et l’on peut être assuré qu’il s’agit de Pointe-Noiriens. Nulle part ailleurs, en Guadeloupe, la forêt n’est aussi étroitement associée aux travaux des hommes » (Lasserre). L’activité́ commerciale qui découle de la production de bois et de charbon a favorisé l’aménagement de nombreux appontements dans le bourg : Pointe- Noire constituait alors une zone portuaire tournée vers le monde antillais. 

6- L’agriculture aujourd’hui, une activité en quête de revalorisation 

L’activité agricole de Pointe-Noire s’est peu à peu effrité. Les surfaces agricoles utilisées ne cessent de décroître. Durant les deux dernières décennies (1988 - 2010), la surface agricole a chuté de 78% et le nombre d’exploitations de 84%. Aujourd’hui, les sections d’Acomat et des Plaines restent les principales zones de cultures vivrières, d’arbres fruitiers ou encore de petits élevages. Également, l’exploitation de la forêt est de plus en plus anecdotique et elle est peu mise en valeur, alors qu’il y a 30 ans le travail du bois occupait le quart des actifs sur le territoire. 

La mise en valeur de la spécificité agricole du territoire communal se dégage comme un enjeu fort du territoire, ceci afin de préserver un patrimoine culturel fort, vecteur d’attractivité et d’identité, et redynamiser l’économie du secteur primaire et l’emploi sur la commune. 

7- La pêche, une activité traditionnelle de Pointe-Noire 

La pêche en mer est une activité historiquement bien implantée dans la commune de Pointe- Noire. Le Père Labat rapporte que les habitants du littoral mettaient « des paniers à la mer pour avoir du poisson pour le lendemain ». Il s’agissait de la pêche au casier et à la ligne.
Aujourd’hui, tous les types de pêche sont pratiqués dans les anses de la côte pointe-noirienne: la pêche au casier, la pêche à la ligne et la pêche au filet. 

8- Un territoire récemment désenclavé 

Avant la seconde guerre mondiale, la commune, comme toutes celles de la Côte-sous-le vent, est extrêmement isolée. 

L’ouverture en 1957 de la route nationale 2 reliant Pointe-Noire, Deshaies et Sainte-Rose va permettre de rendre le territoire totalement accessible au Nord et au Sud de la Basse-Terre.
La route des mamelles (ou de la traversée), réalisée dans les années soixante, rendra ensuite la commune de Pointe-Noire accessible au reste du territoire guadeloupéen et la fera rentrer dans l’aire d’influence économique de Pointe-à-Pitre. 

Ces deux axes, qui positionnent aujourd’hui Pointe-Noire comme le carrefour de la Côte-sous-le- vent, ont eu un impact sur l’évolution et la répartition démographique sur la commune et sur les migrations domicile - travail.
Les évolutions démographiques entre 1954 et 1961 (+20%) puis entre 1961 et 1967 (+9,1%) ne révèlent pas d’augmentation majeure de la population par rapport aux autres communes. 

En revanche, la baisse de population enregistrée entre 1967 et 1974 (-9,7%) est particulièrement importante. Une baisse tout aussi importante enregistrée sur la commune de Bouillante (-7.6%) laisse supposé que l’ouverture de la Route de la Traversée a favorisé une fuite de la population active de ces communes de la Côte sous le Vent vers l’agglomération Pointoise, pourvoyeuse d’emplois. 

La maîtrise de cette ouverture sur les espaces voisins et les opportunités à saisir pour qu’elle devienne un atout de développement constitue aujourd’hui un réel enjeu pour l’attractivité de la commune.